Paroles de cinéastes
Depuis plus de trente ans, la Fémis, établissement placé sous la tutelle du ministère de la Culture et du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, associé à l'Université PSL, est un lieu de rencontre entre artistes et étudiants. Depuis l’été 2017, un travail conséquent a été entrepris pour rendre visibles ces échanges, filmés depuis 1986 par les étudiants. Grâce au soutien de PSL et aux services de la recherche, des relations extérieures et de la direction générale, avec le concours d’Annabelle Aventurin (archiviste) de Raphaël Costa (monteur image) et de Corvo Lepesant-Lamari (monteur son), les interventions choisies sont désormais accessibles sur le site de la Fémis et la bibliothèque numérique de PSL-Explore, à des fins culturelles, scientifiques et pédagogiques.
Une telle entreprise permet ainsi à La Fémis de réaffirmer ses missions : dispenser une formation aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel, mais aussi participer à la constitution d’un savoir patrimonial sur le cinéma et, enfin, contribuer à la recherche théorique, artistique et technique dans les domaines de l’image et du son.
Pourquoi revenir sur la parole des cinéastes ?
Débordante, elle s’immisce partout : elle se faufile dans les cours, elle se glisse dans les salles obscures en amont ou en aval des projections, elle s’inscrit dans les livres, elle se chapitre sur les bonus DVD, se diffuse à la radio, fait retour à la télévision et sur internet ; les cinéastes sont peut-être parmi ceux dont la parole est la plus audible et pourtant, à chaque manifestation, elle fait événement. Il semble qu’elle porte en elle une forme de nécessité car elle réaffirme toujours un besoin d’être retrouvée après coup.
Avec « la cinéphilie » est née, en salle, la discussion d’après film ; comme si, après les images et les sons, il nous fallait une parole pour défendre le cinéma qu’on aime et, ce faisant, lui rendre l’amour qu’il venait de nous donner. A l’époque des premiers ciné-clubs, cette parole était celle de cinéastes en devenir. C’est pourquoi nous retrouvons parmi les conférences filmées à La Fémis les mots de Jean-Luc Godard, ceux d’Eric Rhomer mais aussi ceux qui ont été influencées par les critiques et cinéastes de la nouvelle vague comme Francis Ford Coppola. C’est dans un cadre similaire, après une projection en salle, que nous avons recueilli ces échanges mis en ligne, comme lorsque Vincent Macaigne évoque le tournage de son film Pour le réconfort. La parole de jeunes cinéastes en devenir croise, après une projection de film, celle des professionnels les invitant, comme les frères Dardenne, à revenir sur leur propre parcours. Cette parole se fait tantôt confidence, tantôt révélation laissant apparaître l’envers du décor, comme quand Jean Rouch demande conseil à ses camarades cinéastes, Frederick Wiseman et Johann Van Der Keuken, pour la fabrication de son prochain film.
Cette parole s’adresse à tous, amateurs, professionnels ou étudiants, en rassurant sur le discours du film, sur les métaphores qu’il emploie, sur les non-dits qu’il sous-entend. Elle trouble aussi dès lors qu’elle fait dévier le sens donné aux images ou encore quand elle questionne la posture du spectateur. Elle aide, enfin, à définir ce qu’est le cinéma et la façon dont on peut penser son interaction avec le monde.
Retrouvez Paroles de cinéastes sur le site de la Fémis et sur la bibliothèque numérique de PSL-Explore.