Droit d’auteur (textes, images, graphiques...)
Comprendre les règles qui régissent le droit d’auteur ainsi que les conditions de réutilisation légales des ressources.
Principes généraux du droit d’auteur
Le droit d’auteur est défini dans le cadre de la Propriété Littéraire et Artistique, par le Code de la Propriété Intellectuelle (CPI) :
« L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. Ce droit comporte des attributs d'ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d'ordre patrimonial. » (art. L.111-1)
Le droit d’auteur concerne notamment (art. L. 112-2 du CPI) :
- Les écrits scientifiques (thèses, mémoires, ouvrages, articles, etc.) ;
- Les productions graphiques (graphiques, schémas, cartes, etc.) ;
- Les communications orales (conférences) ;
- Les logiciels.
La condition indispensable pour bénéficier de la protection du droit d’auteur est donc la mise en forme originale d’une idée.
Pour préciser les critères d’attribution :
- La « mise en forme » ne concerne pas les données brutes connues de tous (la température du corps humain, par exemple) mais la forme dans laquelle elles sont exprimées et protégées. La création doit donc être matérialisée.
- L’ « originalité » d’une idée nécessite un minimum de travail créatif. Ce critère exclut les productions les plus banales. Dans les faits, il s’agit d’un critère peu défini et facile à satisfaire.
Attention : ce n’est pas parce qu’un article n’est pas scientifiquement innovant qu’il ne sera pas considéré comme original au sens du droit d’auteur.
Le droit d’auteur s’applique automatiquement lorsqu’une œuvre protégeable est créée. L’auteur n’a aucune démarche à effectuer :
- Il n’a pas besoin de déposer sa création (à l’inverse du brevet par exemple) ;
- Il n’a strictement aucune formalité à accomplir.
Le symbole © (copyright) ne possède pas d’utilité juridique en contexte français (le copyright concerne l'exploitation de l'œuvre et s'applique dans les pays anglo-saxons adoptant le Common Law ; ils sont représentés principalement par les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni).
En revanche, en tant qu’auteur, vous pouvez vouloir donner à votre création une date certaine (par l’envoi d’un mail par exemple). Cela n’est pas nécessaire pour bénéficier du droit d’auteur mais cela peut servir de preuve en cas de litige.
Le droit d’auteur permet de bénéficier de deux types de droits spécifiques :
Droits patrimoniaux
|
Droits moraux
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Droits de reproduction (support matériel) et de représentation publique |
Droit au nom (paternité), respect de l’intégrité, droit de divulgation, droit de retrait |
Pendant 70 ans après la mort de l’auteur |
Perpétuels et imprescriptibles |
Cessibles par contrat, contre rémunération |
Inaliénables |
Exceptions : droit de citation, copie pour un usage privé, exception pédagogique, droit de fouille textuelle, etc. |
Pas d’exception |
Le droit d’auteur appliqué aux images
Au même titre que le texte, les images, graphiques et schémas sont protégées par le droit d’auteur. Toute reproduction est donc soumise à l’autorisation de ce dernier.
En principe, toute utilisation (copie, diffusion, adaptation, traduction, etc.) d’une œuvre protégée constitue une contrefaçon, sauf à obtenir l’autorisation de l’auteur.
Toutefois, en vertu de l’exception pédagogique à des fins d’enseignement et de recherche une reproduction est possible selon certaines conditions :
- Respecter le droit moral attaché à cette image ;
- Diffusion limitée au public directement concerné ;
- Mise en ligne uniquement sur les sites intranet et les ENT ;
- Une définition limitée à 800 x 800 pixels ;
- Une résolution limitée à 72 DPI.
Vous devez donc citer le nom de l’auteur et, idéalement, la source de celle-ci.
Attention, cette exception ne s’applique pas aux articles destinés à être publiés.
Dans la mesure du possible, il convient d’éviter les problèmes de droits d'auteur en utilisant :
- Des images sous licences libres (Creative Commons par exemple) ;
- Vos propres graphiques, schémas ou photographies.
Pour un tour d'horizon concernant l'accès et la réutilisation des images dans les publications scientifiques, voir ce webinaire organisé par les réseaux Repères et Medici et le support correspondant.
Licences Creative Commons
Créées en 2001 par la Stanford Law School, leur objectif est de faciliter la réutilisation des œuvres dans le respect du droit d’auteur.
« Ces licences ne sont pas des contrats de cession de droit mais des offres de mise à disposition sous certaines conditions » (Durand Barthez, 2014).
Plusieurs conditions peuvent être attribuées aux documents et se combiner entre elles :
À noter : la licence CC 0 n'est pas adaptée dans un contexte de droit d'auteur français.
Dans le cas de la réutilisation d’une image préexistante, il est nécessaire de rechercher les conditions d'utilisation spécifiques.
Si rien n'est précisé, le document n'est pas libre d'utilisation en vertu de la loi sur le droit d'auteur. Il faut donc demander l'autorisation à l’auteur de le reproduire par courrier postal ou électronique afin de conserver une trace écrite servant de pièce à conviction.
L’utilisation des CC concerne aussi les adaptations et traductions de textes. À ce sujet, lire l’article de Lionel Maurel, « Pourquoi diffuser des travaux de recherche sous licence « Pas de modification » n’est pas une bonne idée ».
Dans tous les cas présentés il faut impérativement citer l’auteur (ou son pseudonyme). Et dans le cas d’un partage à l’identique (CC SA) réattribuer une licence.
F. A. Q.
Puis-je reproduire à l’identique les propos d’un chercheur spécialiste du sujet sur lequel je travaille ?
Oui, sous réserve de citer entre guillemets les propos du chercheur et d’inclure la référence de la source dans le corps de texte / en note de bas de page, et dans la bibliographie.
Puis-je reproduire en le citant un graphique dont je ne suis pas l’auteur ?
Cela dépend. Un graphique est une œuvre à part entière. L’autorisation de l’auteur ou de l’éditeur est nécessaire. Mais vous pouvez aussi refaire le graphique à l’aide des données utilisées.
Puis-je réutiliser une des données ayant servi à faire un graphique ?
Oui, il s’agit de données et non d’une œuvre. Une donnée brute est dite de « libre parcours » et n’est donc pas protégée par le droit d’auteur. En revanche, bien citer la source afin que le lecteur puisse vérifier votre information.
Je suis doctorant. Le droit d’auteur protège-t-il ma thèse ?
En tant que doctorant et rédacteur de votre thèse, vous êtes l'unique auteur ; le directeur de thèse n'a aucun droit sur votre œuvre. Vous êtes donc libre de la diffuser et de la publier. Sauf si votre thèse présente un caractère confidentiel.
À ce propos, voir le guide Le Doctorat à la Loupe – Éthique et propriété intellectuelle, par la Confédération des Jeunes Chercheurs et l’Association Nationale des Docteurs.
Un éditeur commercial souhaite publier ma thèse. Comment éviter les mauvaises surprises ?
Renseignez-vous grâce au guide du CoopIST : Savoir lire un contrat d’édition.
Pour aller plus loin
Je publie, quels sont mes droits ?, guide pratique qui répond aux questions concrètes que se posent les auteurs de publications scientifiques sur leurs droits tout au long du processus de publication : https://www.ouvrirlascience.fr/je-publie-quels-sont-mes-droits/
« Le plagiat universitaire, seulement une question d’éthique ? », par Brigitte Simonnot dans la revue Questions de communication 2014/2 (n° 26) : https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2014-2-page-219.htm
« Le plagiat étudiant », par Pascal Guibert, Christophe Michaut dans la revue Éducation et sociétés 2011/2 (n° 28) : https://www.cairn.info/revue-education-et-societes-2011-2-page-149.htm
« Enseignants-chercheurs, recherche et plagiat », par Jean-Noël Darde dans la revue Mouvements 2012/3 (n° 71) : https://www.cairn.info/revue-mouvements-2012-3-page-128.htm