Chapitre 1

Alexander et Wilhelm von Humboldt

La famille von Humboldt

Wilhelm, né à Potsdam le 22 juin 1767, et Alexander, né deux ans plus tard à Berlin le 14 septembre 1769, sont issus d’une famille de l’aristocratie prussienne. Leur père, Alexander Georg von Humboldt, est major général dans l’armée prussienne et chambellan du roi Frédéric II. Leur mère, Marie-Elisabeth Colomb, est huguenote d’origine française, sa famille ayant émigré en Prusse au XVIIe siècle.

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Alexander Georg von Humboldt
Johann Heinrich Schmidt, 1775 © Stiftung Stadtmuseum Berlin
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Marie-Elisabeth von Humboldt
Johann Heinrich Schmidt, 1775 © Stiftung Stadtmuseum Berlin

Les frères Humboldt passent leur enfance entre Berlin et la résidence familiale à une dizaine de kilomètres au nord de la ville, le château de Tegel. Ils bénéficient au château d’une éducation ambitieuse qui les prédestine à appartenir à l’élite prussienne.

Après la mort précoce de leur père en 1779, les deux frères sont désormais élevés par leur mère. Respectant la volonté de son mari, Marie-Elisabeth attache la plus grand importance à l’éducation de ses enfants.

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Wilhelm von Humboldt
Johann Heinrich Schmidt, 1784 © Ursula Edelmann -Artothek
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Alexander von Humbold
Johann Heinrich Schmidt, 1784 © Ursula Edelmann -Artothek

Formation intellectuelle

Précepteurs 

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Alexander von Humboldt
François Gérard, c. 1805, Encre noire, 12 x 10 cm, Universitätsbibliothek Leipzig, PSL, Inv.-Nr. 23/232. © Universitätsbibliothek Leipzig

Le choix des précepteurs joue un rôle déterminant dans le programme éducatif imaginé par Marie-Elisabeth Colomb pour ses fils. Wilhelm et Alexander sont d’abord éduqués par Joachim Heinrich Campe, adepte de Rousseau et l’un des premiers auteurs d’ouvrages spécialement destinés à la jeunesse. En effet, à travers ses ouvrages tel que Robinson der Jüngere [Le Jeune Robinson], Campe initie les deux frères au sujet de l’Amérique et aux récits des navigateurs, imprégnant dans les deux frères une fascination pour les pays et les cultures exotiques.

À partir de 1777, leur formation intellectuelle est confiée au pédagogue Gottlob Johann Christian Kunth, âgé alors de vingt ans. Il leur enseigne les mathématiques, la littérature, l'allemand, le latin, le grec, le français, l’histoire et la géographie. Christian Kunth s’assure de l’éducation des deux frères jusqu’au moment où ils rentrent à l’université en 1787, et garde des liens très proches avec la famille Humboldt tout au long de leur vie.

Les frères Humboldt reçoivent une formation solide, conforme aux principes de l’humanisme classique et des philosophes du siècle des Lumières. Néanmoins, la différence entre les deux frères devient vite apparente.

Dès l’enfance, Alexander, tourné vers l’extérieur, montre un intérêt prononcé pour l’histoire naturelle : observant, décrivant, classant des plantes, des pierres et toutes sortes de réalités naturelles.

Wilhelm, de caractère introverti, montre une robuste constitution et une aisance dans l’apprentissage qui le dirige vers la haute fonction publique.

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Cinq dessins géographiques
Alexander von Humboldt, 1783, Encre brun et noir, lavis, rehauts en rouge, Royal Geographical Society GB 0402 AVH. © Royal Geographical Society (avec IBG)
Deux planisphères, deux systèmes de planètes et une carte du Danemark dessinés par Alexander von Humboldt à l'âge de 13 ans.

Wilhelm von Humboldt à sa femme Caroline, 9 octobre, 1818

Grande salle de la bibliothèque universitaire de Göttingen
Grande salle de la bibliothèque universitaire de Göttingen
Christian Andreas Besemann, 1816, Gravure, 8 x 10 cm, Göttingen, Niedersächsische Staats-und Universitätsbibliothek.
© Universitätsbibliothek Göttingen

Fin 1787, les frères Humboldt commencent des études de droit à l’université de Francfort-sur-l'Oder, accompagnés de leur précepteur Kunth. Mais c’est à l’université de Göttingen, où Wilhelm s’inscrit dès l’été 1788 et où Alexander le rejoint un an après, que commencent à se développer leurs intérêts intellectuels propres et leur goût pour un savoir encyclopédique. Ils étudient ensemble la physique expérimentale, la philologie, l’archéologie, l’histoire et l’économie. Alexander se passionne également pour les cours de Johann Blumenbach sur l’anatomie, la zoologie comparée et la géologie.

« J'ai beaucoup appris; j'ai commencé à me sentir mieux vis à vis de moi-même, et à Göttingen, j'étais un élève très studieux. Mais cela ne faisait que renforcer mon sentiment qu'il y avait encore tant à apprendre. […] Cette agitation incessante que je sens en moi me fait parfois penser que je suis en train de perdre l'esprit. Et pourtant, cette excitation est absolument nécessaire pour œuvrer sans relâche pour atteindre mes buts. »
Alexander à Wilhelm Gabriel Wegener, 23 septembre 1790

L'Académie des mines

En 1791, Alexander s’inscrit à l’Académie des mines de Freiberg en Saxe, célèbre dans toute l’Europe pour son cursus qui lie la théorie à la pratique. À Freiberg, Alexander passe ses matinées dans les mines, ses après-midis dans les salles de cours et il achève son cursus d’études de trois ans...en huit mois. Malgré son désir de voyager, le jeune homme entame ensuite une carrière fulgurante en tant qu'assesseur du Département des mines et fonderies de Prusse. Parallèlement à ce travail, il mène des projets de recherche en physique, chimie et biologie souterraine. Alexander se montre particulièrement attentif, dans ce contexte, aux conditions de travail des mineurs. Il invente deux outils pour la survie des mineurs en situation périlleuse : une lampe de mineur qui fonctionne sans la présence d’oxygène dans l’air et un appareil respiratoire. 

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Sur les gaz souterrains et les moyens pour réduire leur effet néfaste
Alexander von Humboldt (inventeur), Wilhelm Gottlieb Ernst Becker (dessinateur), Gottfried Daniel Berger (graveur), 1799, Gravure au burin, 20,5 x 20,1 cm, Bibliothèque de l'École des mines de Paris. © MINES ParisTech

Vie culturelle

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Caroline von Humboldt
Gottlieb Schick, 1808, Huile sur toile, dimensions inconnues, BPK, Berlin © BPK, Berlin / Dist. RMN-Grand Palais

Société Berlinoise

À partir de 1785, les frères Humboldt fréquentent à Berlin la maison du médecin et élève de Kant, Marcus Herz, et de sa jeune femme Henriette. Ils se retrouvent ainsi admis parmi l’intelligentsia berlinoise, au sein d’un cercle libéral composite accueillant sans réserve des personnes des deux sexes, de tous rangs et de toutes confessions religieuses. C'est au cœur de cette société intellectuelle que Wilhelm rencontrera sa future femme Caroline.

Caroline von Dacheröden à Wilhelm von Humboldt, 29 janvier, 1789

Les importantes transformations socio-culturelles qui ont cours dans la capitale prussienne à partir des années 1780, favorisent la réflexion sur la philosophie des Lumières. Chez Emmanuel Kant et le Berlinois Moses Mendelssohn, doyens de la philosophie allemande de l’époque, l’esprit des Lumières renoue avec une vaste réflexion sur la destination de l’homme. Sans avoir jamais connu personnellement ces deux philosophes, les frères Humboldt les citent comme des influences majeures de leur parcours intellectuel. 

« La civilisation [Bildung] se décompose en culture et Lumières. La culture semble se porter davantage vers le pratique […] Les Lumières en revanche semblent se rapporter davantage au théorique […]. »
Moses Mendelssohn,<i> Que signifie éclairer ? </i>, 1784

Weimar et Iéna

Le 29 juin 1791, Wilhelm von Humboldt épouse Caroline von Dacheröden à Erfurt. Elle l’introduit dans les cercles intellectuels de Weimar et d’Iéna, où le couple emménage en 1794. Wilhelm et Caroline Humboldt font la connaissance de Johann Gottfried Herder et Johann Gottlieb Fichte, et se lient d’amitié avec Friedrich Schiller, Goethe et l’archéologue Friedrich August Wolf. Au sein de la communauté philosophique et littéraire de Weimar et d'Iéna, Wilhelm von Humboldt participe à la recherche d’une nouvelle esthétique classique. Ces recherches, qui prennent notamment la forme de collaborations au sein du magazine Horen de Schiller, auront une profonde influence sur sa vision de l’Antiquité et sa pensée en général. 

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Wilhem et Alexander von Humboldt avec Goethe chez Schiller à Iéna en 1796
d'après Adalbert Müller, vers 1870, Gravure de bois, 37 x 36 cm, BPK, Berlin. © BPK, Berlin / Dist. RMN-Grand Palais

Premier séjour à Paris

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La Bastille dans les premiers jours de sa démolition
Hubert Robert, 1789, Huile sur toile, 77 x 114 cm, Paris, musée Carnavalet. © Photo Josse / Leemage

C’est par le biais de l’explorateur Georg Forster, rencontré à Göttingen, que les frères Humboldt découvrent l’horizon politique de la Révolution française. Jacobin de la première heure et fondateur de la République de Mayence en 1792, ayant également fait le tour du monde avec James Cook de 1772 à 1775, Georg Foster, connu pour ses critiques du despotisme, sensibilise Wilhelm à la Révolution française.

Peu après la prise de la Bastille, Wilhelm, alors âgé de 22 ans, décide de se rendre pour la première fois à Paris, en compagnie de son précepteur Joachim Heinrich Campe. Lors de quelques semaines passées dans la capitale en pleine effervescence révolutionnaire, Wilhelm écrit dans un journal ses premières observations :

Wilhelm von Humboldt / Journal parisien, 1789

Alexander quant à lui arrive à  Paris un an plus tard, début juillet 1790, après un voyage avec le même Georg Foster qui l’a conduit dans les régions révoltées du Brabant et des Flandres. Il participe notamment aux préparatifs de la Fête de la Fédération.

Ces séjours à Paris auront une influence profonde sur la pensée politique et sociale des deux frères et sur leurs conceptions de l’Etat et de la Nation. 

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Paysage avec arbre de la liberté
Johann Wolfgang von Goethe, 1792, 1792, Aquarelle, encre noire et mine de plomb, Düsseldorf, Goethe-Museum, Anton-und-Katharina-Kippenberg-Stiftung.© akg-images

Autour de l'exposition virtuelle

Exposition au CROUS de Paris

En 2014, Paris Sciences et Lettres créait sa première exposition in situ, fruit d'une collaboration entre chercheurs et institutions prestigieuses en France et en Allemagne. Un an plus tard, PSL s'associait au CROUS de Paris pour donner une nouvelle forme à cette exposition, cette fois au milieu des étudiants. L'exposition s'est implantée dans les lieux de vie quotidiens des étudiants et personnels du CROUS, pour susciter leur étonnement et faire découvrir le parcours exceptionnel d'Alexander et Wilhelm von Humboldt.

Dates : 01 septembre 2015 au 18 décembre 2015

Tarifs : Gratuit 


Horaires : Ouvert au public du lundi au vendredi, de 9h à 16h30. 

Lieu : Centre Sarraih, 39 avenue Georges Bernanos, 75005 Paris

Catalogue de l'exposition

Les frères Humboldt. L'Europe de l'esprit, éd. De Monza, 2014, 200 pages.L'ouvrage ici présenté est le catalogue accompagnant l'exposition « Les frères Humboldt, L'Europe de l'Esprit » organisée par Paris Sciences & Lettres (PSL) qui a eu lieu du 15 mai au 30 juin 2014 à l'Observatoire de Paris. Le catalogue présente les frères Guillaume et Alexandre de Humboldt, intellectuels des Lumières allemandes, leur travail, leurs influences et leur postérité, au travers de cinq sections qui retracent les grands thèmes de l'exposition : « Matrix : racines familiales et actualité de l'Antique », « Res Publica : Révolution, Régénération », « L'Europe et le Monde : l'Autre comme horizon », « Morphologies : la partie et le tout » et « Savoir partager ! (savoirs partagés) ».

Au-delà de la documentation des pièces exposées (reproductions de cartes, d'écrits et d'objets), le catalogue est un ouvrage théorique qui inclut une dizaine d'essais rédigés par d'éminents spécialistes. Des encadrés rédigés par Laurence Bobis, Directrice de la bibliothèque de l'Observatoire, permettront aussi de faire le point sur des questions biographiques, politiques ou scientifiques particulières.

Destiné au grand public, aux visiteurs de l'exposition et à un public initié, l'ouvrage s'inscrit dans le prolongement de l'exposition et vise à mettre en avant les valeurs d'innovation, d'universalisme et d'ouverture au monde défendue par les frères Humboldt. Brillants esprits, l'un scientifique, l'autre littéraire, leurs travaux font montre de leur profond humanisme ainsi que de leur vision d'une Europe unie, fondée sur le progrès du savoir.

Disponible sur toutes les plateformes de vente en ligne et à la libraire l'Ecume des pages (174 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris). 

À propos

Cette exposition virtuelle a été conçue comme le prolongement de l’exposition Les frères Humboldt, l’Europe de l’Esprit, réalisée à l’Observatoire de Paris du 15 mai au 11 juillet 2014.

Les frères Humboldt illustrent les communes valeurs qui unissent la France et le monde germanique par-delà les remous de l'Histoire : la fascination pour l'Antiquité, l'apologie du rationalisme, l'universalisme. Faire revivre, au travers de ces deux frères, l'effervescence intellectuelle d'une époque où tout est possible, montrer leur capacité d'innover, leur engagement, leur ouverture au monde, telle est l'ambition de cette toute première exposition à leur être consacrée, la première aussi qui soit montée par l'Université de recherche Paris Sciences et Lettres.

En se plaçant sous cette double figure tutélaire littéraire et scientifique des frères Humboldt, PSL fait sien l'idéal académique qu'ils ont défendu : une université qui repose sur l'excellence scientifique, qui revendique un modèle de formation par la recherche, qui embrasse toutes les disciplines, de l'astrophysique à la création artistique, des mathématiques aux humanités classiques.

Téléchargez le dossier de presse

 

Commissariat scientifique de l'exposition in situ

Bénédicte Savoy, Professeure d'histoire de l'art à Berlin

David Blankenstein, diplômé en histoire de l'art et en muséologie

 

Organisateurs de l’exposition

Paris Sciences et Lettres Research University (PSL), en partenariat avec le Labex TransferS.

 

Comité scientifique

Sous la présidence de Marc Fumaroli, de l'Académie française.

  • Elisabeth Beyer, attachée du livre à l'Ambassade de France en Allemagne
  • Laurence Bobis, directrice de la bibliothèque de l'Observatoire
  • Monique Canto-Sperber, présidente de Paris Sciences et Lettres Research University
  • Barbara Cassin, directrice de recherche au CNRS
  • Michel Espagne, directeur du Labex TransferS
  • Ottmar Ette, professeur à l'Université de Potsdam
  • Christine von Heinz, propriétaire des archives et du château de Tegel
  • Ulrich von Heinz, propriétaire des archives et du château de Tegel
  • Eberhard Knobloch, professeur émérite de l'Université technique de Berlin
  • Michelle Lenoir, directrice de la Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle
  • Henri Loyrette, conseiller d'Etat
  • Daniel Marchesseau, conservateur général honoraire du patrimoine
  • Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine culturel prussien (SPK)
  • Jürgen Trabant, professeur émérite de l'Université libre de Berlin 

Remerciements

Marc Fumaroli et Monique Canto-Sperber souhaitent remercier :

  • Madame Susanne Wasum-Rainer, Ambassadeur d'Allemagne en France
  • Monsieur Louis Gallois et Monsieur Louis Schweitzer, les deux Commissaires généraux à l'investissement
  • Monsieur Claude Catala, Président de l'Observatoire de Paris
  • Les membres fondateurs de la Fondation Paris-Sciences et Lettres Les membres du Labex TransferS et son directeur Michel Espagne
  • La République des Savoirs et son directeur Antoine Compagnon

Ainsi qu'Emmanuel Suard et Hubert Guicharrousse (Berlin, Ambassade de France en Allemagne), Hinrich Sieveking (Munich, collection Winterstein), Heinrich Schulze Altcappenberg (Berlin, Kupferstichkabinett SMB-PK), Isabelle le Masne de Chermont (Paris, BNF), Caroline Noyes et Gabriel Carlier (Paris, MNHN), Manfred Gräfe et Cornelia Gentzen (Berlin, Stiftung Stadtmuseum, Humboldt-Sammlung Hein et Hausarchiv), Hans-Dieter Nägelke et Claudia Zachariae (Berlin, Technische Universität, Architekturmuseum), Stéphanie Baumewerd, Annick Trellu et Philippa Sissis (Berlin, Technische Universität, Instistut d'histoire de l'art), Elisabeth Michel (Berlin), Sandrine Maufroy (Paris, Université Paris 4-Sorbonne), Emilie Oléron Evans (Londres, Queen Mary, University of London), Marie-Ange Maillet (Paris, Université Paris 8-Saint-Denis), Vincent Platini (Berlin, Freie Universität), Leah Stearns (Monticello, Thomas Jefferson Foundation at Monticello).

 

Coordination du projet et commissariat général

Hélène Chaudoreille

Annael Le Poullennec

Véronique Prouvost

 

Réalisation de l'exposition virtuelle

Nathalie Figueroa

Avec l'aide de

L'équipe du Pôle Ressources et Savoirs, PSL.

Dimitri Le Meur, ENS.

 

Voix enregistrées - lecteurs

Thomas Claret, Alice Billon, Anne Buers

 

Crédits thématiques du site

  • Gottlieb Schick, Wilhelm von Humboldt, 1808, huile sur toile, 86 x 66 cm, © Berlin, Deutsches Historisches Museum
  • Henry William Pickersgill, Alexander von Humboldt, 1831, huile sur toile, 142,2 x 109,2 cm © Bridgeman Art Library
  • Johan Weitsch, Humboldt et Bonpland au pied du Chimborazo en Equateur, 1806, Huile sur toile, 163 x 226 cm © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Hermann Buresch
  • Wilhelm von Humboldt, Anleitung zur Entwerfung einer allgemeinen Sprachkarte [Instructions pour la réalisation d'une carte générale des langues], annexe à une lettre à Goethe du 15 novembre 1812, encre sur papier, © Weimar, Klassik Stiftung Weimar, Goethe und Schiller-Archiv