Chapitre 4

Savoirs partagés

Collections et publications

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Sur différentes dents du genre des mastodontes mais d’espèces moindres que celles de l’Ohio, trouvées en plusieurs lieux des deux continents
Planche 67, in Annales du Muséum d'histoire naturelle, tome 8, Georges Cuvier, 1806. © Paris, Muséum d'Histoire naturelle

C’est dans le partage des connaissances et des savoirs par-delà les frontières nationales que l’Europe de l’esprit puise sa vitalité. La circulation d’acteurs, d’objets, de livres et d’idées sont toujours à l’origine de projets novateurs. Les grandes entreprises des Humboldt en témoignent. C’est en activant leurs réseaux internationaux et en partageant généreusement leurs travaux qu’ils parviennent à mettre en œuvre leur grand projet universel : comprendre le monde.

Un grand projet éditorial 

Rentré en Europe, Alexander von Humboldt se consacre principalement à la publication du récit de son voyage en Amérique. Il lui faudra presque trente ans pour achever l’édition monumentale du Voyage aux régions du Nouveau Continent, fait en 1799, 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804.

Ses Vues des Cordillères paraissent à partir de 1810. Le texte se situe à la croisée des genres scientifiques et littéraires. Les gravures sont à la fois des illustrations scientifiques et des œuvres d’art à part entière. Fruit d’une coopération européenne, l’ouvrage réunit des illustrations exécutées par une équipe internationale d’artistes italiens, allemands et français, le plus souvent d’après des croquis et dessins d’Alexander von Humboldt lui-même. Quant au texte, il tient compte à la fois des observations effectuées par Alexandre en Amérique, et de l’avis de nombreux scientifiques consultés à son retour, parmi lesquels le maître de l’archéologie européenne, Ennio Quirino Visconti, à qui les Vues des Cordillères sont dédiées.

Le Chimborazo, vu depuis le plateau de Tapia
Le Chimborazo, vu depuis le plateau de Tapia, planche XXV de Vues des cordillères, et monumens des peuples indigènes de l'Amérique
Alexander von Humboldt (auteur), Aimé Bonpland (auteur), Jean-Thomas Thibault (dessinateur), Louis Bouquet (graveur), 1810, Gravure colorée, 50,8 x 68,5 cm, Paris, Muséum national d'Histoire naturelle, Bibliothèque centrale du Muséum, © Paris, Museum national d'Histoire naturelle

La publication du Voyage aux Régions Equinoxiales du Nouveau Continent de Humboldt et Bonpland, composé de trente volumes, est l’une des entreprises éditoriales les plus ambitieuses de l’époque, comparable au grand projet de la Description de l’Égypte, publiée en 1829 par ordre de Napoléon Bonaparte.

Le monde en carte

Depuis leur rencontre à Weimar, où le jeune Wilhelm a vécu entre 1794-1797, les deux frères Humboldt maintiennent une forte amitié avec Johann Wolfgang von Goethe. L’un des plus éminents intellectuels allemands de l’époque, Goethe partage avec Wilhelm sa fascination pour l’Antiquité, son intérêt pour la philologie et la linguistique. Ses échanges avec Alexander révèlent leur passion partagée pour la minéralogie et la botanique.

L’estime réciproque que se portent Goethe et les deux savants berlinois aboutit à deux projets distincts, mais réunis par leur volonté de représenter le monde avec des outils concrets.

Le tableau physique des régions équinoxiales

En 1807, Alexander dédie à Goethe l’un de ses premiers livres, ses Ideen zu einer Geographie der Pflanzen [Essai sur la géographie des plantes]. Il lui envoie un premier exemplaire en allemand, lui promettant de lui envoyer plus tard le tableau manquant.

Confronté à l’absence de cette illustration, Goethe décide de fabriquer une carte à l’aide des données statistiques fournies par le livre. Illustrant un paysage composite et coloré, le dessin de Goethe compare les montagnes du monde ancien et du monde moderne. Reproduit et diffusé dans l’Europe entière, il dépasse largement en notoriété le tableau original d’Alexander.

humboldt amerique
Géographie des plantes équinoxiales : Tableau physique des Andes et pays voisins
Alexander von Humboldt (auteur), Aimé Bonpland (auteur), Anne-Charlotte de Schönberg (dessinateur), Louis Bouquet (graveur), 1805, Gravure au burin colorée, 53,5 x 83 cm, St. Louis Missouri Botanical Garden, © St. Louis Missouri Botanical Garden, Peter H. Raven Library
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Page titre de l'Essai sur la géographie des plantes, avec corrections
Alexander von Humboldt, 1804, Manuscrit, 33 x 22,7 cm, Paris, Musée national d'histoire naturelle, Bibliothèque centrale du Muséum, fonds anciens Ms 456, folio 28, © Paris, Muséum national d'Histoire naturelle
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Dédicace à Goethe in Ideen zu einer Geographie der Pflanzen[Essai sur la géographie des plantes]
Alexander von Humboldt (auteur), Bertel Thorvaldsen (dessinateur), Raphaël Urbain Massard (graveur), 1807, Encre sur papier, Berlin, Stiftung Stadtmuseum, Inv.Nr.: HU 99/243 SF, © Berlin, Stiftung Stadtmuseum
humboldt- Esquisse des principales hauteurs des deux continents
Esquisse des principales hauteurs des deux continents, inspirée d'un dessin de Goethe d'après un ouvrage de Humboldt publié en 1807
Jean-Sébastien Devèze de Chabriol, 1814, Encre et lavis sur papier, Archives départementales du Cantal, fonds Aymar (Société La Haute-Auvergne), 14 NUM 26, © Archives départementales du Cantal
humboldt-Lettre adressé à Goethe, 1812
Anleitung zur Entwerfung einer allgemeinen Sprachkarte [Instructions pour la réalisation d'une carte générale des langues], annexe à une lettre à Goethe du 15 novembre 1812
Wilhelm von Humboldt, 1812, Encre sur papier, Weimar, Klassik Stiftung Weimar, Goethe und Schiller-Archiv, inv. GSA 78/300, © Klassik Stiftung Weimar

Les langues de l’Europe

En 1810, Goethe suggère à Wilhelm d’illustrer une carte répertoriant les langues parlées dans le monde. Moins doué que son frère pour la cartographie appliqué, Wilhelm se content de décrire la carte idéale. Il adresse par écrit ses instructions à Goethe, un texte de dix-neuf pages que Goethe commence à transposer en image. Aucune trace du dessin n’a été malheureusement conservée.

Cependant, pour l'exposition réalisée par PSL en 2014, une équipe franco-allemande a entrepris le travail engagé voici deux siècles. Elle propose une première traduction visuelle des instructions de Wilhelm : la carte générale des langues parlées en Europe.

Carte des langues de l'Europe d'après les instructions de Wilhelm von Humboldt
Carte des langues de l'Europe d'après les instructions de Wilhelm von Humboldt
© Julien Cavero, Paris, 2014, labex TransferS, accompagnement scientifique par Sandrine Maufroy et David Blankenstein
« Secondé par Wilhelm de Humboldt, je fis faire des cartes géographiques représentant tous les idiomes répandus sur la terre, où la couleur de chaque contrée indiquait la langue qu’on y parlait. De son côté, Alexandre de Humboldt m’incita à faire un tableau comparatif des montagnes du monde ancien et de celles du monde moderne.<br/> <br/>C’est ici le moment de dire comment j’ai cherché à me rendre digne du bonheur d’avoir tant d’hommes de mérite pour contemporains. Du point où il a plu à Dieu et à la nature de me placer, et où je ne suis pas resté inactif, j’ai eu soin de tourner mes regards vers les hommes qui, par de louables efforts, cherchaient à se rendre utiles. Allant au-devant d’eux par l’étude et par l’action, je m’approprierai sans envie et sans rivalité, ce que nous offraient les meilleurs esprits du siècle, et que je n’aurais pu me procurer par moi-même. Aussi le neuf n’était-il jamais étranger pour moi, et je ne courais pas le risque de l’adopter par surprise, ou de le rejeter par respect pour des préjugés surannés. ».
Johann Wolfgang von Goethe,<i> Mémoires</i>, 1813

L'autre comme horizon

Über die Sprache und Weisheit der Indier
Über die Sprache und Weisheit der Indier [Recherches sur la langue et la philosophie des Indiens]
Friedrich Schlegel, 1808, Texte imprimé, Bibliothèque nationale de France, © Bibliothèque nationale de France

L'Inde, le berceau de l'Europe

L'étude des anciennes civilisations extra-européennes influence profondément la perception que les Européens se font de leur histoire et de leur identité. Tandis que la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte provoque un fort engouement en France pour le règne des pharaons, la théorie de Friedrich Schlegel et Franz Bopp, qui situent en Inde l'origine de nombreuses langues européennes, marque fortement les esprits allemands.

Publié en 1808, l’Über die Sprache und Weisheit der Indier [ Essaie sur la langue et la philosophie des Indes] est l’un des livres les plus importants de l’époque. En étudiant le sanscrit et les grammaires des langues américaines, Schlegel  constate que la linguistique doit se fonder sur la comparaison de la grammaire et pas sur la comparaison des mots.  Ce nouveau programme dans l’étude des langues fond par la suite  la discipline de  la grammaire comparée et la linguistique comparative moderne.

Ayant toujours porté un vif intérêt aux cultures non-européennes, les frères Humboldt s’inspirent de ces nouvelles découvertes en linguistique et soutiennent plusieurs projets de recherche dans ce domaine. 

Hiéroglyphes égyptiens 

Le déchiffrement des hiéroglyphes de la pierre de Rosette par Jean-François Champollion représente un moment-clé dans la compréhension de l'ancienne Égypte. Présenté à Champollion par l’intermédiaire de son frère,  Wilhelm von Humboldt entame avec lui une correspondance entre juin 1824 et juillet 1827. Wilhelm apprend  de Champollion que l’écriture hiéroglyphique égyptienne est constituée à la fois de sémogrammes (signes figuratifs) et de phonogrammes (signes qui représente les sons), similaire aux écritures alphabétiques européennes.

Humboldt applique alors ce système de déchiffrement pour traduire les inscriptions  figurant sur des statues de la déesse Sekhmet. Il présent son discours égyptologique, Über vier Äegyptische löwenköpfige Bildsäulen in den hiesigen Königlichen Atnikensammlungen [Sur quatre sculptures égyptiennes à tête de lion des collections royales d’antiquités de Berlin], le 24 mars 1825 devant l’Académie des Sciences de Berlin. Ainsi, grâce aux échanges entre ces deux savants, Wilhelm parvient à imposer en Allemagne le système de déchiffrement de Champollion, qui jusque-là avait suscité de nombreuses controverses. En retour, Champollion fournit à Wilhelm des éléments pour étayer et développer sa théorie linguistique.

humboldt-Inscriptions relevées sur les statues de Sekhmet
Inscriptions relevées sur les statues de Sekhmet.
1828 © Collection particulière
Statue assisse de la déesse Sekhmet
1388-1351 av. J.-C © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Jürgen Liepe
humboldt-Transcription annotée des
Transcription annotée des "Lois de Manu"
Wilhelm von Humboldt, s.d., Encre sur papier, Berlin, Staatsbibliothek, Handschriftenabteilung, Coll. ling. fol. 152. p. 5 recto. © Berlin, Staatsbibliothek
humboldt-Groupes hiéroglyphiques
"Groupes hiéroglyphiques" des "papyrus Minutoli" de la Bibliothèque royale de Berlin. Annexe d'une lettre du 26 juin 1824 à Jean-François Champollion.
Wilhelm von Humboldt, 1824, Encre sur papier, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits, NAF 203573, fol. 253, © Bibliothèque nationale de France
Codex Humboldt
Codex Humboldt
figure 1. Manuscrit aztèque enluminé (registre des payements en or, tissus et autres objets pour une période de dix-neuf ans), XVIe siècle, Encre et gouache sur raphia, 405,5 x 22,5 cm, Berlin, Staatsbibliothek, Hanschriftenabteilung, MS. amer. 2, © Berlin, Staatsbibliothek

 

Hiéroglyphes américains 

Alexander von Humboldt s'intéresse lui aussi aux hiéroglyphes, mais pour sa part, il se consacre à ceux de l'Amérique. Dans Vues des Cordillères et monuments des peuples indigènes de l’Amérique, il fait découvrir au public des codex mexicains qu'il a ramenés de ses voyages ou qu'il a découverts dans des bibliothèques de Paris, Londres, Rome et Dresde.

Ces « monuments » ne possèdent pas pour lui une valeur simplement esthétique, mais font partie intégrante de sa description du monde puisqu'ils offrent selon lui une perspective spécifique sur l'observation de la nature. C'est pour cette raison qu'il analyse des cartes, des calendriers et des systèmes de numération aztèques dans l'espoir de mieux comprendre les rapports qu'entretenaient les anciens habitants de la région et pour tenter de mettre à jour des liens universels entre différents systèmes.

Quête des langues

Visions du monde

Le 31 décembre 1819, Wilhelm démissionne de son dernier poste officiel et se retire dans sa propriété de Tegel. Il se consacre désormais à ses études intellectuelles, tout spécialement à sa recherche sur le langage et les langues. Grâce à sa propre collecte de matériaux linguistiques en Espagne, en France, à Rome, en Angleterre et en Allemagne,  et grâce aux exemples rapportés d'Amérique par son frère, Wilhelm possède l'une des plus grandes collections de grammaires et de lexiques de langues extra-européennes d'Europe. Ses échanges productifs avec d’autres spécialistes, tels que le sinologue Jean-Pierre Abel-Rémusat en France, John Crawfurd en Angleterre ou John Pickering aux États-Unis, lui permettent également d’approfondir ses études. 

Dans sa théorie de linguistique, Humboldt établit d’abord que « le langage est l’organe formateur de la pensée ». Selon lui, le langage n’est pas seulement un instrument de communication mais il est aussi responsable de la production de la pensée. Ainsi, les différentes langues sont, en tant que créations de la pensée,  autant de « visions du monde ». Pour Humboldt, chaque langue propose une représentation linguistique, une perspective différente sur le monde.

humboldt-De l'origine des formes grammaticales et de leur influence sur le développement des idées
De l'origine des formes grammaticales et de leur influence sur le développement des idées, traduit par Alfred Tonnellé
Wilhelm von Humboldt, 1859, Livre imprimé, Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, X-26524, © Bibliothèque nationale de France

Wilhelm proclame également la nécessité d’une étude comparée des langues. Fin juin 1820, Wilhelm von Humboldt tient son premier discours devant l’Académie de Berlin dans lequel il expose la fondation, déjà envisagé vingt ans auparavant à Paris, d’un système gigantesque de comparaison de toutes les langues du monde.  

« L'étude des langues de la Terre est intimement liée à l'histoire du monde des pensées et des sentiments de l'humanité. Elle permet de décrire l'Homme dans tous les domaines et toutes les étapes de sa culture. On ne doit rien en omettre car tout ce qui concerne l'Homme, revêt la même importance.»
Wilhelm von Humboldt,<i> Fragments de monographie sur les Basques</i>, 1801
humboldt-Über die Kawi-Sprache auf der Insel Java
Über die Kawi-Sprache auf der Insel Java, nebst einer Einleitung über die Verschiedenheit des menschlichen Sprachbaues und ihren Einfluss auf die geistige Entwickelung des Menschengeschlechts
Wilhelm von Humboldt, 1836, Monographie imprimée, Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, X-4985, © Bibliothèque nationale de France

La langue Kawi

Lorsqu'en 1835 Wilhelm von Humboldt s’éteint dans son château de Tegel, l'ouvrage qui contient la synthèse de son immense projet linguistique n'a pas encore été publié. Son dernier et plus remarquable ouvrage est une grande étude en trois volumes sur le kawi et les langues austronésiennes : Über die Kawi sprache aufder Insel Java [De la langue kawi de l’ïle de Java]. C’est son frère qui, l'année suivante, fera paraître cette œuvre posthume sur l’ancien javanais (le kawi), qui rassemble les conceptions anthropologiques et linguistiques de toute une vie. Dans l’introduction de cet ouvrage, Wilhelm réunit ses idées générales sur la langue ainsi que la méthode empirique qu’il a utilisée pour l’étude des structures grammaticales et la concrétisation littéraire des langues étudiées.

Wilhelm von Humboldt est certainement le philosophe du langage le plus important et l’un des pères fondateurs de la linguistique moderne. Malheureusement, ses théories linguistiques n’ont pas eu un grand succès au XIXe siècle.

Néanmoins, les théoriciens de la linguistique moderne du XXe siècle redécouvriront ses travaux, soit au travers d'une théorie culturelle de la linguistique (Vossler) soit au travers de la linguistique structurale (Saussure, Benveniste, Bloomfield, Whorf, Chomsky). Il a inspiré toutes les philosophies du langage qui ne dépendent pas du modèle analytique anglo-saxon.

Anthropologie comparée

La question des origines de l’humanité et de la diversité des peuples préoccupe largement le XIXe siècle. Pour les frères Humboldt, l’enjeu est à la fois anthropologique, philosophique et politique. L’étude du caractère des peuples anciens et modernes, et celle de leurs langues leur permettent d’analyser leur propre époque.

L’Antiquité

Les antiquités grecque et romaine demeurent une source d'inspiration fondamentale pour l’Europe autour de 1800. Pour Wilhelm von Humboldt, le modèle grec est une influence majeure. Lors de son séjour à Rome en 1808, il élabore un projet littéraire consacré à l’étude de Démosthène et des autres orateurs grecs.

Wilhelm, cependant, ne s’intéresse pas aux qualités littéraires et linguistiques du discours de Démosthène. Il est plutôt fasciné par l’histoire culturelle et politique de l’époque.

Dans une lettre datée du 4 novembre 1807, Wilhelm annonce à Jean Geoffroy Schweighaeuser son intention d’écrire une histoire de la décadence et de la chute des Républiques grecques :

Wilhelm von Humboldt à son bureau, au château de Tegel
Wilhelm von Humboldt à son bureau, au château de Tegel
Henry Luise, 1826, Mine de plomb sur papier, 25,5 x 20 cm, Berlin, Stiftung Preussische Schlösser und Gärten , © BPK, Berlin / Dist. RMN-Grand Palais / Image SPSG

Wilhelm von Humboldt à Schweighaeuser, novembre 1807

Son objectif était de découvrir l’essence de l’esprit grec, de comprendre le caractère de cette nation privilégiée, qu’il n'hésite pas à comparer à l’esprit allemand contemporain. Ses recherches sur l’antiquité grecque, et plus tard sur l’esprit romain, incitent Wilhelm à étudier les caractéristiques d’autres nations.

Le caractère français

Le projet de Wilhelm von Humboldt de développer une anthropologie comparative s’esquisse lors de son séjour à Paris autour de 1800. Ses objets de recherche sont d’abord européens. Il se consacre surtout à l'étude des Français, des Allemands et des Basques. Son journal parisien témoigne de l’observation méticuleuse du « caractère national » français.

Wilhelm à Alexander von Humboldt / Journal parisien, 7 juin, 1798

S’il échoue dans sa recherche de différences physionomiques, ses recherches dans les domaines culturels et esthétiques sont plus productives. Il consacre ainsi une étude importante au théâtre français. La notion du caractère – d’un individu, d’une langue, d’une nation, d’une époque – devient une constante dans la pensée de Wilhelm von Humboldt.

humboldt- Recherches sur les habitants primitifs de l'Espagne
Recherches sur les habitants primitifs de l'Espagne à l'aide de la langue basque
Wilhelm von Humboldt, 1866, Livre Imprimé, Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-OB-4, © Bibliothèque nationale de France
humboldt-Considérations sur l'art des acteurs tragiques français par un Allemand
Considérations sur l'art des acteurs tragiques français par un Allemand, in Le Spectateur du Nord, tome XIII
Wilhelm von Humboldt, 1800, Texte imprimé, Bibliothèque nationale de France. © Bibliothèque nationale de France

Autour de l'exposition virtuelle

Exposition au CROUS de Paris

En 2014, Paris Sciences et Lettres créait sa première exposition in situ, fruit d'une collaboration entre chercheurs et institutions prestigieuses en France et en Allemagne. Un an plus tard, PSL s'associait au CROUS de Paris pour donner une nouvelle forme à cette exposition, cette fois au milieu des étudiants. L'exposition s'est implantée dans les lieux de vie quotidiens des étudiants et personnels du CROUS, pour susciter leur étonnement et faire découvrir le parcours exceptionnel d'Alexander et Wilhelm von Humboldt.

Dates : 01 septembre 2015 au 18 décembre 2015

Tarifs : Gratuit 


Horaires : Ouvert au public du lundi au vendredi, de 9h à 16h30. 

Lieu : Centre Sarraih, 39 avenue Georges Bernanos, 75005 Paris

Catalogue de l'exposition

Les frères Humboldt. L'Europe de l'esprit, éd. De Monza, 2014, 200 pages.L'ouvrage ici présenté est le catalogue accompagnant l'exposition « Les frères Humboldt, L'Europe de l'Esprit » organisée par Paris Sciences & Lettres (PSL) qui a eu lieu du 15 mai au 30 juin 2014 à l'Observatoire de Paris. Le catalogue présente les frères Guillaume et Alexandre de Humboldt, intellectuels des Lumières allemandes, leur travail, leurs influences et leur postérité, au travers de cinq sections qui retracent les grands thèmes de l'exposition : « Matrix : racines familiales et actualité de l'Antique », « Res Publica : Révolution, Régénération », « L'Europe et le Monde : l'Autre comme horizon », « Morphologies : la partie et le tout » et « Savoir partager ! (savoirs partagés) ».

Au-delà de la documentation des pièces exposées (reproductions de cartes, d'écrits et d'objets), le catalogue est un ouvrage théorique qui inclut une dizaine d'essais rédigés par d'éminents spécialistes. Des encadrés rédigés par Laurence Bobis, Directrice de la bibliothèque de l'Observatoire, permettront aussi de faire le point sur des questions biographiques, politiques ou scientifiques particulières.

Destiné au grand public, aux visiteurs de l'exposition et à un public initié, l'ouvrage s'inscrit dans le prolongement de l'exposition et vise à mettre en avant les valeurs d'innovation, d'universalisme et d'ouverture au monde défendue par les frères Humboldt. Brillants esprits, l'un scientifique, l'autre littéraire, leurs travaux font montre de leur profond humanisme ainsi que de leur vision d'une Europe unie, fondée sur le progrès du savoir.

Disponible sur toutes les plateformes de vente en ligne et à la libraire l'Ecume des pages (174 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris). 

À propos

Cette exposition virtuelle a été conçue comme le prolongement de l’exposition Les frères Humboldt, l’Europe de l’Esprit, réalisée à l’Observatoire de Paris du 15 mai au 11 juillet 2014.

Les frères Humboldt illustrent les communes valeurs qui unissent la France et le monde germanique par-delà les remous de l'Histoire : la fascination pour l'Antiquité, l'apologie du rationalisme, l'universalisme. Faire revivre, au travers de ces deux frères, l'effervescence intellectuelle d'une époque où tout est possible, montrer leur capacité d'innover, leur engagement, leur ouverture au monde, telle est l'ambition de cette toute première exposition à leur être consacrée, la première aussi qui soit montée par l'Université de recherche Paris Sciences et Lettres.

En se plaçant sous cette double figure tutélaire littéraire et scientifique des frères Humboldt, PSL fait sien l'idéal académique qu'ils ont défendu : une université qui repose sur l'excellence scientifique, qui revendique un modèle de formation par la recherche, qui embrasse toutes les disciplines, de l'astrophysique à la création artistique, des mathématiques aux humanités classiques.

Téléchargez le dossier de presse

 

Commissariat scientifique de l'exposition in situ

Bénédicte Savoy, Professeure d'histoire de l'art à Berlin

David Blankenstein, diplômé en histoire de l'art et en muséologie

 

Organisateurs de l’exposition

Paris Sciences et Lettres Research University (PSL), en partenariat avec le Labex TransferS.

 

Comité scientifique

Sous la présidence de Marc Fumaroli, de l'Académie française.

  • Elisabeth Beyer, attachée du livre à l'Ambassade de France en Allemagne
  • Laurence Bobis, directrice de la bibliothèque de l'Observatoire
  • Monique Canto-Sperber, présidente de Paris Sciences et Lettres Research University
  • Barbara Cassin, directrice de recherche au CNRS
  • Michel Espagne, directeur du Labex TransferS
  • Ottmar Ette, professeur à l'Université de Potsdam
  • Christine von Heinz, propriétaire des archives et du château de Tegel
  • Ulrich von Heinz, propriétaire des archives et du château de Tegel
  • Eberhard Knobloch, professeur émérite de l'Université technique de Berlin
  • Michelle Lenoir, directrice de la Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle
  • Henri Loyrette, conseiller d'Etat
  • Daniel Marchesseau, conservateur général honoraire du patrimoine
  • Hermann Parzinger, président de la Fondation du patrimoine culturel prussien (SPK)
  • Jürgen Trabant, professeur émérite de l'Université libre de Berlin 

Remerciements

Marc Fumaroli et Monique Canto-Sperber souhaitent remercier :

  • Madame Susanne Wasum-Rainer, Ambassadeur d'Allemagne en France
  • Monsieur Louis Gallois et Monsieur Louis Schweitzer, les deux Commissaires généraux à l'investissement
  • Monsieur Claude Catala, Président de l'Observatoire de Paris
  • Les membres fondateurs de la Fondation Paris-Sciences et Lettres Les membres du Labex TransferS et son directeur Michel Espagne
  • La République des Savoirs et son directeur Antoine Compagnon

Ainsi qu'Emmanuel Suard et Hubert Guicharrousse (Berlin, Ambassade de France en Allemagne), Hinrich Sieveking (Munich, collection Winterstein), Heinrich Schulze Altcappenberg (Berlin, Kupferstichkabinett SMB-PK), Isabelle le Masne de Chermont (Paris, BNF), Caroline Noyes et Gabriel Carlier (Paris, MNHN), Manfred Gräfe et Cornelia Gentzen (Berlin, Stiftung Stadtmuseum, Humboldt-Sammlung Hein et Hausarchiv), Hans-Dieter Nägelke et Claudia Zachariae (Berlin, Technische Universität, Architekturmuseum), Stéphanie Baumewerd, Annick Trellu et Philippa Sissis (Berlin, Technische Universität, Instistut d'histoire de l'art), Elisabeth Michel (Berlin), Sandrine Maufroy (Paris, Université Paris 4-Sorbonne), Emilie Oléron Evans (Londres, Queen Mary, University of London), Marie-Ange Maillet (Paris, Université Paris 8-Saint-Denis), Vincent Platini (Berlin, Freie Universität), Leah Stearns (Monticello, Thomas Jefferson Foundation at Monticello).

 

Coordination du projet et commissariat général

Hélène Chaudoreille

Annael Le Poullennec

Véronique Prouvost

 

Réalisation de l'exposition virtuelle

Nathalie Figueroa

Avec l'aide de

L'équipe du Pôle Ressources et Savoirs, PSL.

Dimitri Le Meur, ENS.

 

Voix enregistrées - lecteurs

Thomas Claret, Alice Billon, Anne Buers

 

Crédits thématiques du site

  • Gottlieb Schick, Wilhelm von Humboldt, 1808, huile sur toile, 86 x 66 cm, © Berlin, Deutsches Historisches Museum
  • Henry William Pickersgill, Alexander von Humboldt, 1831, huile sur toile, 142,2 x 109,2 cm © Bridgeman Art Library
  • Johan Weitsch, Humboldt et Bonpland au pied du Chimborazo en Equateur, 1806, Huile sur toile, 163 x 226 cm © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Hermann Buresch
  • Wilhelm von Humboldt, Anleitung zur Entwerfung einer allgemeinen Sprachkarte [Instructions pour la réalisation d'une carte générale des langues], annexe à une lettre à Goethe du 15 novembre 1812, encre sur papier, © Weimar, Klassik Stiftung Weimar, Goethe und Schiller-Archiv